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 à la charogne...
 
 
 
 à la charogne         ses suffusions
 ses lividités        ses marbrures
 
 formes se modifiant par en-dessous
 avant lécroulement        matières
 
 défoncées        bouffissures        affaissements
 
 & nausée 
 
 les léopards veillent dans le fourré
 attentifs au couinement des chacals
 
 sur la plaine les hardes glissent au loin
 dans la poussière des jarrets & les hennissements
 
 la hyène croque sa pitance sur son lit de boue
 
 & le ramier fait la flûte, sous des palmes 
 
 dissolvants au travail sous la croûte
 avant que la charpente cède
 
 & ces helminthes mathématiciens
 
 comptables des stupeurs dagonie
 
 des éblouissements & des vésanies
 
 mais
 danse danse & danse-moi
 jusquà la fin de nos amours
 
 là où le souffle prend naissance
 
 là où le drame joue, au vocatif
 
 toi, dissous-toi
 dans ta lumière
 
 à la charogne        sa vocation
 
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 chairs promises...
 
 pour Isabelle Garron
 
 
 chairs promises à labattoir        carnes 
 
 désormais corps en creux
 
 gisant         plâtre sur les tréteaux
 
 jai vu un jour le volcan fondre sous le poids des neiges
 
 lente respiration des laves sous le pied
 
 bulles de boue au centre de la coupe de la solfatare
 éructations sous la croûte des lèvres de pierre ponce
 
 & vu les menstrues de saint Janvier se liquéfiant aux solstices
 
 chairs effacées        chairs affalées        chairs lâches
 
 nous aurons bien mérité de nos saisons
 
 ces gorgées de vin de cendre nous brûlent à jamais
 
 la baie de la sirène au beau visage berce de vagues
 le cœur des femmes transpirant à la voix du tambour
 dont le doigt du musicien flatte & fait jouir la peau
 
 chairs abattues        recroquevillées        corps
 
 qui furent fluides & aimants
 
 & violents        animaux
 
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 chiens de paille au bûcher...
 
 
 
 chiens de paille au bûcher        rien        rien
 
 que poupées promises à consumation
 
 chairs lâches ossements articulations
 veulerie trahison déroute éparpillement
 
 ta bouche ternira
 ta gorge sera cette outre sèche
 & outres sèches seront tes seins
 comme tes reins seront
 doutre-désir aussi ton sexe
 comme le mien, ils flétriront
 passeront fleur & tissu
 
 le corps de Shiva danse sur le cœur de ses dévots
 
 nous, secs
 nous disperserons
 
 certitudes au vent du bûcher
 dans la grande goule dair
 
 lyrique foin chiennerie crépitement        rien
 
 que figurines sceaux sans encre signatures
 effacées saignements délivrance déraison
 
 balles de foin que létincelle fait se prendre
 brusquement de la folie heureuse de se dévorer
 
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 corps brûlé...
 
 
 
 corps brûlé               corps sec
 corps de disette & corps de cendre
 génies de lair se repaissent de ses odeurs
 
 & corps transporté        membres tranchés
 par la lame        abattis & viscères
 dispersés
 aigles & loups se repaissent de ses humeurs
 
 & corps en vrac                      corps jeté au courant
 son sang dissout dans leau du glacier
 graisse & chair faisant lordinaire des loutres & des gobies
 
 & corps enfin caché        celé        tu        rabattu sous la terre
 ses sucs & ses jus pour les insectes & les vers
 
 ligaments muscles & os pensent parfaitement
 leur propre résolution, comme ils se sont
 soumis à la dépense dénergie nécessaire à la
 fréquentation du réel
 
 corps nié        corps pèlerin
 
 ayant joui ayant joué de tous les airs
 
 mangé à tous les sillons du sol
 
 forniqué à même les décombres du désert
 
 les déjections        & les agates
 
 roulées sur la grève par la vague
 
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 nécroses loupes gerçures...
 
 
 
 nécroses loupes gerçures
 les corps geignent        lentement
 
 les tissus se mangeant        leurs louanges
 décomposées        drainent        tarissent
 
 lair 
 
 on découpera les bandelettes
 on distribuera les baumes
 
 toute cette fumure étant promise
 aux narines du crocodile
 
 danse & danse lair danse
 
 sec & sec  dieux étanchés,
 
 lair danse sa danse
 datomes vides de vie
 
 la mâchoire du reptile claque
 au garrot de lantilope
 
 le corps du voyageur se pose
 sur le plateau du trébuchet
 
 la plume pèse
 
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 si tu donnes...
 
 
 
 si tu donnes
 à manger tant dos
 à ta chienne dâme,
 
 crains
 que le vautour
 ne commence son festin
 par ton œil gauche 
 
 
 tous les trônes prospèrent dans ton ombre :
 
 leur vilenie les ronge
 
 comme ta vanité te ronge
 
 & dans la cuvette ouverte au ciel sur le tertre
 un sac de pierres est un oreiller 
 
 des graffitis insultent les murs
 
 exorcismes sans efficace 
 
 mais griffonne, si tu peux, toi
 
 un peu de la légèreté du vent sur le sable
 
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 arrête, scorpion...
 
 
 
 arrête, scorpion, va
 te nourrir de rats
 
 va grignoter
 les os du chat pourri
 
 moi, je suis porteur de la parole
 jai la flamme dans la bouche
 
 sur la scène où tout se fond
 ton bras ton buste ton sexe & ton dos
 
 ta carcasse construit lespace
 où il te faut disparaître & teffacer
 
 ayant tracé
 les signes
 visibles
 de ton
 identité
 
 arrête, scorpion, arrête
 ton venin nest rien
 
 va dévorer dautres corps que le mien
 celui-ci bloque la porte
 
 les ruines dans les interstices du temps
 abritent cette nichée de soucis & de dieux sales
  blattes, bousiers, lucanes
 
 toi, scorpion qui vis sous la pierre
 tu nes rien toi-même
 
 & va dissoudre dautres corps, va
 
 ce corps que voici, cest le mien
 il est derrière la porte
 il refuse dentrer
 
 jai tracé les signes
 jai la flamme sur la langue
 je vomis le venin
 
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				|  | Ces poèmes font partie d'une suite qui portera le titre de Animaux industrieux, à paraître chez Flammarion. This material is © Jean-Paul Auxeméry www.alligatorzine.be | © alligator 2006 |  |  |  |  | 
			
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