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 l’angle surtout, savoir prendre...
 
 
 
 langle surtout, savoir prendre langle
 
 où la vue ne calcule plus
 
 &
 
 voir ainsi les perspectives & les sentiers,
 
 puis déserter à lenvi
 tous les autres chemins du monde
 
 &
 
 après avoir ainsi trouvé lassise simple
 
 au midi de la pensée
 
 savoir voir        savoir marcher encore        savoir se poser
 
 au grand midi
 
 :
 
 pourvoir ainsi à ce qui doit advenir
 
 puis étant advenu soi-même, rester
 ainsi
 
 angle mort, vivante vue 
 
 les faces du divers tournées vers leur dedans
 
 yeux des bêtes dormant dans les sommeils dhommes
 sang des hommes repus, parmi les dépouilles pantelantes
 
 accrochées aux fourches dacacias sur la plaine
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 les ressorts brusquement...
 
 
 
 les ressorts brusquement
 
 détendus
 
 le corps
 souple
 les
 articulations
 propres
 
 :
 
 ce sont peut-être des vautours
 qui dévorent des morts sans tête
 
 & la grande déesse préside
 aux charmes de tout anéantissement
 & ses amulettes protègent les défunts
 acéphales
 que les vautours nettoient
 
 cercle parfait
 
 la charmante charogne la plaisante
 chose
 que vous fûtes
 
 carcasse récurée à présent
 chose
 que vous êtes
 
 :
 
 pour linstant votre corps est sur sa garde
 aimant surtout à bondir immobile attendant
 
 nerfs coudes lombes poumons absolument
 détendus souples sereins
 impassible
 
 chef-d’œuvre
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 regard du fauve...
 
 
 
 regard du fauve à loblique avant de se jeter dans le fond du talus
 
 on passe on prend limage sainte
 on fixe l’œil qui fixe & tue
 
 on continue
 on est désormais ennobli par léchange
 
 œil contre œil
 à jamais
 
 & cest à jamais désormais que nous serons
 
 à laffût
 
 corde tendue sur lâme de lalto
 
 & danse des lucioles par-dessus
 
 :
 
 cet œil rôde à jamais sur la poitrine du volcan
 
 mamelle ardente des saccages
 
 :
 
 tetraktys âme du monde
 
 fauve monture ocellée
 
 numineuse & lumineuse
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 tourne tourne dans la nuit...
 
 
 
 tourne tourne dans la nuit
 que le feu te dévore
 
 gire gire dans lobscur
 que la flamme te consume
 
 la lionne te regarde et tu ne la vois pas
 le faucon te protège et tu divagues à lenvie
 
 ses serres, elles te crèvent les boyaux
 les dents de la lionne, elles te percent la carotide
 
 tu es ton propre meurtre
 tu es ton seul souci absent
 
 tu tabsentes en effet de toi-même souci
 tu te tues te jetant dans les pattes du fauve
 
 que le feu de tes entrailles bouille
 que te lèche le sang cette langue rêche
 
 & digère si tu peux
 toute cette nuit bavarde
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 toi ta face tournée
 
 
 
 toi ta face tournée vers les faces inhumaines
 je ne te vois pas        je sens ta présence
 
 toi lanimal qui fixe & renverse & brutalise
 
 à nouveau toi face inverse sous mon visage
 
 regard tourné vers le dedans        œil sans œil
 
 inverse moi inverse        masque chair masque bois
 
 à nouveau je te sens        je me vois
 
 très obscur & très violent
 
 ébauche de je ne sais quoi        face antonyme
 
 dans lobscurité doù sourd
 une parole impossible & nécessaire
 
 & moi fange & limon        bois en creux
 
 moi raclement regard aveugle
 
 voix sans voix que ton désir
 
 béant
 
 moi ma face appliquée
 
 contre les traits de la fibre sans visage
 
 je renifle je te sens
 
 ligne de feu des yeux braqués de félins alignés sur la paroi
 
 rideau de fond de scène dans la grotte où sengrossent les peurs
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 les yeux à l’affût...
 
 
 
 les yeux à laffût
 le corps tourné vers le dedans des choses
 
 dans la sérénité des choses vues dans lextrême tension
 
 on ménage on entretient on développe une dramaturgie tranquille
 les êtres alentours sont éléments de cette mise en scène
 
 figés sur la ligne de saillie où le vide convoque
 où le vertige se fait rhéteur habile & convaincant 
 
 les formations géologiques composent un charmant précipice
 
 tout le canyon bavarde, énormément        les aigles
 dansent pour un soleil vain leur transe
 vaine & circulaire        &
 
 on sen vient plonger vers labîme         on est
 
 pure pensée dabîme
 
 & si sur cette crête
 au midi de la pensée
 quand labîme
 finit par suser
 à force de vouloir séduire
 
 on revient décharné        sans plus de sens        & retourné
 
 considérant lindustrie des aigles et des chacals
 comme lépuisement heureux de toute la randonnée 
 
 ta dépouille te contemple
 les yeux largement clos
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 le paysage est l’étendue...
 
 
 
 le paysage est létendue
 le regard le couvre        le pas linvestit 
 
 ce sont des cercles :
 
 à laube le pas suit
 la ligne des empreintes
 
 concentriquement 
 
 la pluie révèle,
 ayant lavé le sol
 
 la ligne croise
 les cercles
 & les cercles
 signent
 
 &
 
 quand le pas du quêteur sachève
 quand le cercle atteint sa limite
 
 la bête apparaît        le regard souvre
 le paysage est justifié        un lion lhabite
 
 toute densité vient alors
 de ce que mort en sursis
 
 le chasseur sort du cercle
 
 & la plaine est noyée dans l’eau de l’œil du fauve
 
 Hélène aux remparts assiste aux massacres
 
 désirable & secrète
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				|  | Ces poèmes font partie d'une suite qui portera le titre de Animaux industrieux, à paraître chez Flammarion. This material is © Jean-Paul Auxeméry www.alligatorzine.be | © alligator 2006 |  |  |  |  | 
			
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