|  | X à l'endroit où il y ades longues tables et des platées de vivres.
 Les uns se jetant avec convoitise
 sur le festin qui engorge.
 L'appétit étant flagrant, ce fut une question pure et simple
 de vouloir davantage, mine de rien,
 des plages d'avidité auto-nourries,
 une manie d'attrait hystérique
 à la largesse. À la largeur.
 On a fait ripaille devant ce buffet, tombant
 sur les plats comme si nous n'avions jamais mangé.
 Plat après plat  un tel luxe,
 du fumé, salé ou bien sucré,
 croustillant, coûteux, faste.
 Et comme ça ne nourrissait point
 on se bourra et bouffa encore plus. Et comment.
 Et puis vint le choque.
 D'avoir englouti ça comme tel
 D'avoir avalé le tout.
 
 
 Sans délicatesses, sans délicatesse,
 pas de rhétorique non plus
 et certainement sans raffinement
 me voici devant vous
 étrangère et distante,
 (bien que proche et constante)
 me demandant
 à quoi bien tout ça peut servir.
 Me posant la question
 si je ressens quelque chose
 dont je puisse parler,
 si penser à l'émotion,
 fus-je prête à le "faire,"
 à faire cet effort,
 en vaut particulièrement la peine.
 Quelle est la force de ma conviction?
 
 
 Je suis sans appel au tribunal
 devant lequel je me trouve.
 Il semble que je sois condamnée par la sentence.
 Quelle est donc la compulsion qui me mène
 à reprendre ce débat,
 ou bien le bourrer à la Métaphore
 à tout jamais, ou le bourrer plein
 de Métaphore, bricolant sur les bords
 avec tant d'adresse à trouver des ressemblances
 pour lesquelles on n'aurait pu jadis m'admirer.
 Qui était-ce donc ce moi?
 Ce n'est pas comme si ce "je" avait abouti nulle part,
 pas vrai?
 
 
 Faut-il barbouiller les chevalets pliants
 de tous les jolis tableaux
 qui me donnèrent tant de plaisir dans le temps,
 fleurs d'amandier pour mon pinceau?
 Mandel-baum, Mandel-stam, Mandel-stein, Mandel-brot.
 Amandes
 motivées par les noms des gens dont je me souviens.
 Il fut un temps où j'étais maniable comme une pâte d'amande  ou
 du moins, je leur laissais croire.
 mais Qui es tu, me dis-je.
 Pourquoi le fais-tu?
 
 
 Faut-il continuer à plier la Syntaxe
 à cet usage? Quel usage? Il se peut bien
 que je puisse encore offrir un tel scintillement:
 avec tout le savoir dans ma trousse à éclats
 afin que tu admires
 ma performance super sensible pourtant tout à fait
 idiomatique.
 Quel show je leur donnais!
 Mais que peut-on en faire?
 Que faut-il en faire?
 Qui est ce moi qui l'a voulu?
 
 
 Est-ce moi qui compose le texte
 qui coulait à flots, semble t-il,
 sans cesse, bouillonant, babillant
 Pavlovien
 dès que quelqu'un tirait la cloche
 qu'on appelle "Poésie."
 Qui se soucie de "Poésie"
 tard la nuit à l'arrêt de bus
 quand les crevés et les courbés
 avec leur gros paniers et leur jambes gonflées
 se font abaisser le plancher pour monter?
 
 
 En colère
 Resignés
 Dépossédés
 Se débrouillant au milieu de cette Schande
 
 
 Vague de près et vague de loin.
 Rupture, Désespoir, Malfaisance, Peur.
 N'est-il pas concevable qu'on se sente
 impur, baffoué, rebelle au "littéraire,"
 pourchassé, accablé, tiraillé
 entre résistance et identification,
 sans compter l'harcèlement continu, panique, maladies incurables
 pauvreté à revenu fixe, plus de sécu, tous les
 Coûts de la Vie mis à nu devant moi?
 
 
 Devrais-je alors considérer
 que les Mots que j'étais appelée à écrire
 aident les autres? Allais-je devenir une Aidante?
 Cette pensée semblait être aussi nulle que les autres.
 Etait-ce là quelque Bureaucratie Rhétorique
 des tâches d'Assitante Sociale?
 Ça m'étonnerait.
 
 
 Ça me coûtait les yeux de la tête,
 un oeil et une oreille, precisément cet
 oeil avec lequel je voyais tout à coup,
 cette oreille tout le monde disait être la mienne
 mon beau ton
 (en fait, mes oreilles me faisaient mal), cette
 jambe, cette jambe cassée (huit semaines
 sur béquilles
 et invalide au lieu d'être "normale"
 quelque sens que "normal" possède avec sa bouchée de Mots)
  devrais-je tenter de faire le bien?
 
 
 Il existe pour moi bien plus de voies agréables
 à prendre dans l'écriture,
 Mais on dirait que des astuces,
 défensives, décoratives, déroutantes.
 On ne peut pas faire de phrases de cette façon.
 Le son échoue, parlotte kitsch.
 
 
 Dois-je alors continuer?
 Je me sens sans abri,
 je sens que les enjeux ont changé
 et que j'ai du mal à rattraper.
 Et puis impossible de dire le moindre mot.
 Me suis sentie obligée
 de déchirer la page et de me détourner de ces pronoms:
 Je? vous? nous? Qu'est ce que ça peut faire!
 Qui se fiche comment ils sont liés!
 Balance-les par dessus la falaise!
 Ce qui alors me laisserait avec rien
 et personne
 dans cet endroit insensé le nom est
 nulle part.
 
 
 Cependant.
 Quelle est la conséquence de ma responsabilité?
 Où est la mienne?
 Ma part de tout ça, cela même,
 tu pourrais expliquer 
 m'a rendue suprêmement éperdue.
 Ces questions me déchirent.
 Tout ce que j'ai pu dire 
 prenez-le comme Perte.
 
 
 
 
						juin-juillet, octobre-décembre 2007
 
 
 
 
						
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